Poison d’Avril
La joie de mars
Le coeur bourgeonne
Pour cette heure d’avril
Je me disais
Dépêche toi
Monte aux arbres
Accroche toi comme le lierre
Astique chaques feuilles
L’oeil du soleil doit voir ça, une fois
Mon corps pressé, pressant
La peur en apnée
Que ce n’est plus la peine
J’ai tout inventé
Tout ce bleu pour rien
Je savais que l’hiver reviendrait
Lost
Un temps de chien
Il pleut, encore et encore
J’ offre mes yeux
Aux gouttes salées
Pour y réfléchir mes pensées
Je te connais
Mes paumes de mains
Pour que germe la perte
Je sais plus tout
Je souffle au vent d’automne
Qu’il dépose mon âme
Au fond de mon cœur
Parce qu’ au fond….
Il y a
Ghost
Des fantômes dans les yeux
Brillants comme des météores
Me visitent chaque nuit.
Ils me pressent m’étouffent
Leurs âmes chevillées au corps
Je les entends me dire
A quel jeu joue t’on
Dans cet étrange croisement de vie?
Aujourd’hui un pied dans le soir
Je monte une à une les
Seize marches couleur automne.
A un pas de la porte des lumières
Je lève les yeux sur l’alliance sororale
Et je me dis
Le temps presse
Pour y voir les lamelles d’or
Qui me guideront vers l’autre monde
Je baisse les yeux à présent
Sur la lenteur ou chaque minute
Me fige dans la prostration
De ce même temps qui file en ligne droite
Ce soir et demain
Ne verront plus l’amour
Ne battront plus l’air
D’attendre le sublime
Pour un mot
Un plan, le dernier
Abattre un pan de vie
De ce divin chagrin
Et, de ces vapeurs de cendres
Renaître comme
La fleur de saison
Couleur de fantôme
Rencontré chaque nuit
Seigneur!
Des larmes solides
Tracent au sang
Des lettres inconnues.
Ils flottent dans une mer noire
Au milieu d’autres corps
Des bras noués a d’autres bras
Gris cendré
Dans une danse mélancolique
Ils ondulent en dilettante
Reins cambrés
Le plaisir enfoui au delà des rivières
Retenant
Le souffle doux des terres précieuses
Des doigts gracieux pointent
En direction
D’un relief famélique
Ou la vie n’existe presque plus
Hormis oiseaux de malheur
Piquant les mères affamées
Dans un dernier festin
Sans titre, aucun
C est dans le vent animal
A la lisière des plaines ruinées
Que s inviteront les corps transparents
Âmes tristes cherchant leurs ombres
Dans les lumières éteintes allumées
Des torches enflammées
Ils se volatiliseront, soudés en un seul
Aux premiers aboiements des fauves
Dans le seul courant qui les portera
Hors de ce monde fuyant
Avalés par les brumes enivrantes
Des premières heures solaires
Ma peau
Fallait tout quitter, ma vivante
Maintenant, tout de suite
La poison, celle qui t’a presque tuée
Celle de l’entre-deux
Située exactement entre le un et le trois
Elle t’as détournée, embaumée, l’épousée
Prise dans ses filets
Empaillée dans ce musée
Dans cette histoire pas naturelle
Poussée à la fin, la faim au ventre, mon affamée
Ils étaient deux dans la barque
Charon à la barre
Elle, pour te noyer
Ta nage les a cloués là, ma trépassée
Sortie de l’enfer
Pour rejoindre le grand fleuve
Celui où la vase sert de ciment
À plus lourd qu’un bateau
C’est le grand temps, ma ressuscitée
Murat
A quai
C’est ton ombre pris dans des bras
Que je vois fantôme
Tu iras danser
Un œil ouvert, derrière
Sur le port de plaisance
Y trouveras compagnie de deux agates bleues
Que tu pousseras délicatement
Combien de cris sortiront de ta bouche
Pris dans des mains
Qui te feront valser
Un haut le cœur
Dans ce virage serré
Oh mon cœur, dans la gorge
Combien de souffles jusqu’à l’aube
Il me faudra trouver
Dépoussiérer
Un rebord, quelque part trouver un repère
Où je ferais le mort et j’y entendrais
Des mots inaudibles sortir de ta bouche
Quand tu monteras
Sur le cheval de Dalecardie
Une nuit, un matin
Tu embrasseras des lèvres
Un doigt devant le rêve divin
Tu la prendras par la main
Celle-là ou une autre
Et dans la nuit, une nuit
Un Capitol fantôme
Partira à la bonne heure
Petit nom, petite mort
Sans correspondance
Des tronçons d’autoroutes
Des kilomètres lus bout à bout
Combien en mots vrais
Je suis à combien de l’arrivée
Sans titre
Combien de valises a porter
Mon âme en mille morceaux
Mon âme qui brûle dans un sac
Demain, je renaîtrai en particules de pierre
Les pieds baigneront dans une fontaine fraîche
Ma vie me suivra en ronds de larmes
Et je verrai défiler les années
En toute discrétion
Dans ce silence qui vacille
Sentir un jour, mon amour
Le poids de ton corps
Ce corps attendu
Dans le bleu ciel ou bleu sang
Je ne sais plus où marquer le temps
je suis devenue ce que je suis
Je suis devenue l’abandon
Enterrée sous un silence
Pris dans le vent